<< Cher Alain, Je viens de terminer la lecture de ton manuscrit.

Tu as écrit un livre étonnant, détonnant.

C'est une sorte d'ovni littéraire. Tu as relevé un véritable défi : écrire une espèce de thriller avec le sujet le plus austère, le plus apparemment impropre à faire un livre qui soit autre chose et beaucoup plus qu'un document : une oeuvre littéraire.

 

Mais cela reste aussi un document et document jusqu'au moindre détail.  On n'ignore rien techniquement, de tous les rebondissements de ton aventure "d' homme d'affaires" aux prises avec les gendarmes, les juges, les avocats, les concurrents plus ou moins mafieux. On pourrait croire que c'est un livre pour initiés (bac + 5 en droit) tant tu n' épargnes au lecteur rien des méandres du droit - et de ceux qui le bafouent. Mais par une inversion qui est une des réussites du livre, tu fais de ce qui devrait n' être qu'un document pour initiés  - un texte d 'initiation à un monde méconnu du plus grand nombre -  une initiation qui se vit comme un roman d 'aventures, une quête de la "baleine blanche" que représente ici la Justice.

 

A cela, il faut ajouter un autre thème qui se noue à celui de l' aventure de justice : ta passion pour la mer et les aventures presque incroyables mais vraies d'un bateau rêvé.  [Coupure destinée à préserver l'intrigue]

Le "coup de génie" est d'avoir utilisé, avec une remarquablement richesse inventive, la métaphore marine pour rendre compte tout au long du livre à la fois les péripéties de l' aventure judiciaire et les péripéties psychologiques où elle plonge l'âme du héros.

 

Car il y a un héros de ce roman, et ce n'est pas son moindre intérêt - héros et anti-héros à la fois car c'est un héros souvent vaincu - les pages sur la dépression, décrite comme une compression par le biais d'une métaphore puisée dans l' astrophysique, sont particulièrement saisissantes - mais qui tel le Phoenix ne cesse de renaître de ses cendres.

 

Ce livre raconte en effet une sorte de passion, non sans humour souvent, une tentative de mise à mort d'un homme par le déni de justice - il y a là encore des pages très fortes sur le "déni".

Mais malgré les dérives et les déprimes, ce qui ressort en définitive, c'est l' improbable énergie que cet homme -toi- appuyé il est vrai sur l' inaltérable Claudine, finit toujours par puiser on ne sait où pour rebondir, une énergie dont la plus belle victoire est ce livre même, auquel je souhaite : bon vent. >>

 

Michel Didier